La bonne nouvelle : tous les pays du monde sauf les États-Unis et le Saint-Siège vient de s’engager sur 23 objectifs destinés à mettre le monde sur la voie d’une vie en harmonie avec la nature d’ici 2050.
La mauvaise nouvelle : l’accord tiède a deux ans de retard et 670 milliards de dollars de moins que ce qui est nécessaire.
Couronnement d’une série de négociations numériques et en personne controversées depuis plus de deux ans, la 15e réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15) vient d’adopter le cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.
J’étais à Montréal pour observer la COP15, dans une salle avec des centaines de personnes et un document de traitement de texte projeté sur un écran, dont chaque mot devait être accepté par toutes les parties, qui proposaient à tour de rôle des modifications.
Certains délégués ont fait pression pour les actions audacieuses nécessaires pour sauver la vie sur Terre, comme s’engager à stopper immédiatement l’extinction et à préserver les écosystèmes. D’autres ont défendu la déforestation et l’exploitation de la faune. Un délégué est allé jusqu’à dire qu’il serait cruel pour les pays en développement de protéger des écosystèmes intacts.
Compte tenu des positions très divergentes, c’est une victoire pour le monde naturel que le président de la conférence a pu faire passer n’importe quel accord. Mais le diable est dans les détails, et les détails ici ne suffisent pas à nous sortir du pétrin que nous avons créé.
L’engagement mondial de la COP15 à protéger 30 % des terres et des eaux est une avancée décisive, mais il n’y a pas d’accord sur ce qui est considéré comme protégé. Et compte tenu des crises climatiques et d’extinction, les scientifiques disent que nous devons protéger au moins la moitié de la Terre pour assurer un avenir vivable à la faune et aux communautés humaines. L’horloge tourne.
Un point positif dans le cadre est le centrage des droits autochtones – un reproche à l’héritage répréhensible du colonialisme. Pour la première fois, les nouveaux objectifs en matière de protection des terres et d’utilisation de la faune comprennent reconnaître et respecter les droits des peuples autochtones et des communautés locales.
Mais dans un signal clair que nous ne prenons toujours pas suffisamment au sérieux les menaces à notre propre survie, la COP15 est revenue sur son engagement à mettre fin à l’extinction. Le cadre précédent, les objectifs d’Aichi 2010, appelait à prévenir l’extinction des espèces menacées connues d’ici 2020. Comme la plupart des autres objectifs de 2010, celui-ci n’a pas été atteint et cet échec pesait sur Montréal.
Au lieu de doubler et de créer un meilleur plan de match, les délégués ont abaissé les poteaux de but et lancé la boîte sur la route.
L’objectif A du nouveau cadre prévoit que le taux d’extinction et le risque soient réduits de dix fois d’ici 2050. La plupart des scientifiques s’accordent à dire que le taux actuel est déjà multiplié par 1 000, donc une réduction de dix fois dans 30 ans signifierait que les plantes et les animaux disparaissent encore une centaine fois plus rapide que ce qui est acceptable. L’extinction engendre l’extinction, et un écart de 30 ans pendant que le tissu de la vie se défait rendra encore plus difficile le rétablissement des populations d’animaux sauvages qui s’écrasent.
Mettre des objectifs sur papier est une chose, mais les engagements doivent être tenus financièrement. Comme les délégués du Sud global l’ont souligné lors d’un débrayage, le Nord global n’a pas engagé assez d’argent. L’engagement convenu de 30 milliards de dollars par an d’ici 2030 est loin de remplir les 700 milliards de dollars écart qui, selon les analystes, doit être fermée pour stopper la perte de biodiversité.
La surconsommation par les pays riches entraîne l’extinction et les crises climatiques par le biais des importations de combustibles fossiles, ainsi que de bœuf, d’huile de palme, de fruits de mer et de milliers d’autres produits agricoles et fauniques. Les activités qui tuent la planète sont actuellement financées par 1,8 billion de dollars de revenus annuels subventions. Pour cette raison, l’objectif 18 du nouvel accord appelle à identifier et à réformer les subventions nuisibles, qui pourraient contribuer grandement au maintien d’une planète vivable.
Les États-Unis étaient l’éléphant qui n’était pas dans la salle à Montréal, et bien qu’ils soient l’un des pays ayant la plus grande capacité à financer les efforts de préservation et à réduire les activités nuisibles, nous n’avions pas de voix officielle. Le Le refus obstiné du Sénat américain de ratifier la convention reflète que nous ne prenons pas la crise d’extinction au sérieux.
Nous montrons à maintes reprises que nous ne valorisons pas vraiment la protection de la biodiversité, ici ou à l’étranger. Au niveau national, Le Congrès n’a pas réussi à adopter la loi bipartite largement soutenue Recovering America’s Wildlife Actqui aurait financé des actions de conservation. Les coureurs du projet de loi omnibus qui vient d’être adopté ont sacrifié les protections de la baleine noire de l’Atlantique Nord et du tétras des armoises.
Alors qu’il ne reste que deux ans à son mandat actuel, le président Biden devrait déclarer la crise d’extinction une urgence nationale et exercer ces pouvoirs pour récupérer les espèces menacées, restaurer des populations d’animaux sauvages en bonne santé et réviser la gestion des terres fédérales. Ces actions aideraient à réaliser son L’initiative America the Beautiful pour protéger 30 pour cent des terres et des eaux américaines.
En tant qu’espèce sur une planète, notre bien-être est directement lié à la santé des plantes et des animaux avec lesquels nous partageons la Terre. Au final, protéger la biodiversité, c’est nous protéger.
Tierra Curry est scientifique principale au Center for Biological Diversity, où elle dirige la campagne Saving Life on Earth pour arrêter l’extinction.